Mardi 5 novembre 2013 – Parc de la Rivière Bleue
Réveil assez tôt, aujourd’hui on prend la direction du Sud pour 3 jours dans le Sud de la Grande Terre. 4×4 (gentiment prêté) chargé avec le matériel de camping (prêté lui aussi), une valise et le nécessaire pour 3 jours en autonomie. Petit arrêt à Mont-Dore pour faire le plein (il paraît que dans le Sud, les village se font rare) et 1h plus tard, nous voilà à l’entrée du Parc de la Rivière Bleue. Une longue piste rouge nous amène à l’accueil du Parc où nous payons la modique somme de 440 XFP (environ 3€) par personne pour entrer. Le Parc s’étend sur plus de 9000 ha et est divisée en 2 secteurs : la Rivière Blanche qui peut se parcourir en voiture et la Rivière Bleue, accessible uniquement à pied / vélo. C’est cette 2ème partie qui nous intéresse. Nous continuons sur la piste rouge jusqu’au Pont Perignon où il faut laisser la voiture. Sur la piste, déjà de beaux panoramas sur le Parc. La rivière bleue porte bien son nom !
Au Pont Pérignon, nous optons pour la location de VTT (2800 XFP / personne soit 24€) afin de pouvoir aller assez loin dans le Parc. But Premier : le Grand Kaori à 8 km du parking, et si nous sommes en forme, peut être au delà. Nous enfourchons nos beaux VTT et en avant sur les pistes rouges du Parc. Au début, la piste longe la rivière et circule au milieu d’arbustes. Au soleil, la chaleur se fait sentir. La piste n’est pas très difficile, succession de côtes légères et de descentes. Puis nous arrivons devant un panorama exceptionnel : la forêt noyée. Du lit de la rivière émerge les troncs d’arbres morts. Ce sont des bois imputrescibles, ce qui explique qu’ils soient encore debout 50 ans après l’inondation de cette zone pour la construction du barrage de Yaté. C’est un spectacle étonnant et coloré : le blanc des arbres morts, le rouge des latérites, le vert de la végétation et le bleu du ciel. Cette forêt s’étend sur quelques kilomètres et de nombreux points de vue permettent d’y accéder.
Nous continuons notre chemin, le lit de la rivière se rétrécit, la piste s’éloigne du bord et pénètre dans la forêt humide. Et là c’est le drame : mon chapeau, si bienvenu pour me protéger du soleil s’envole. Mauvais réflexe, je cherche à le rattraper d’une main tout en freinant de l’autre, roue avant qui se bloque et moi qui vole par dessus le guidon et vais littéralement mordre la poussière. Je me relève en râlant, sur le coup je ne sens rien. Jérôme arrive derrière et rigole jusqu’à ce qu’il voit ma tête. On fait le compte des blessures : quelques égratignures aux bras et aux mains, rien de méchant (même si le mélange sang + terre rouge donne un aspect impressionnant). Sur la cuisse gauche, un hématome monstrueux est déjà en train de se former. Mais rien de casser : je marche, je bouge sans trop souffrir, c’est plutôt bon signe. En fait, c’est le visage qui a tout pris et c’est plutôt moche. J’ai vraiment mangé la terre : lèvre explosée à l’extérieur et à l’intérieur, les dents sont intactes mais les gencives me font mal. Ca pisse le sang. On essuie le plus gros avec les mouchoirs en papier, forcément, je n’ai ni désinfectant ni pansements sur moi. Que va t-on faire ? nous sommes à 2 km du départ, on peut faire demi tour et retourner aux urgences à Nouméa ou chercher un point d’eau pour nettoyer le plus gros et aviser ensuite. Pas envie de gâcher les vacances dès le 3ème jour, je décide de continuer le circuit, je sais qu’il y a des points d’eau réguliers dans le parc. Vélos enfourchés de nouveau (même pas cassé par la chute), nous continuons la promenade. Forcément, il y aura moins de photos, pas très simple avec une lèvre qui pisse le sang et des douleurs un peu partout. On s’arrête dans la forêt pour chercher le fameux cagou. L’oiseau emblématique de Nouvelle Calédonie, espèce endémique qui ne vit qu’ici, qui ne vole pas et dont le cri ressemble à l’aboiement d’un chiot. Nous l’entendrons à plusieurs reprises, mais quant à le voir, c’est raté (je n’ai vraiment pas de chance aujourd’hui). Les kilomètres défilent et toujours pas de point d’eau. Les gens que nous croisons me regardent bizarrement et 2 gardes du parc, en voiture, s’arrêteront même pour demander si tout va bien. Finalement, c’est à la fin du parcours prévu (8km du départ) que nous trouvons les toilettes et le point d’eau. Je nettoie le plus gros des blessures. Sur les bras et les cuisses, ce n’est pas très grave. La lèvre m’inquiétait, j’avais peur que les dents aient transpercé la lèvre mais non, j’ai 2 blessures distinctes, 1 à l’intérieur due au choc des dents justement, et une extérieure due au frottement sur le sol. C’est pas très beau mais ça ne semble pas nécessiter d’intervention d’urgence. Nous décidons donc de poursuivre le programme prévu tout en se promettant de trouver une pharmacie pour acheter de quoi désinfecter et un dispensaire pour un contrôle de la blessure à la lèvre.
Au grand Kaori (un arbre gigantesque de plusieurs siècles), un petit sentier botanique montre les principales espèces végétales du Parc. Le tour est assez rapide, il est 13h, nous décidons donc de nous arrêter sous le taré à proximité pour pique-niquer (même si je n’ai guère faim). Nous ne poursuivrons pas la balade au-delà finalement. Ma cuisse est gonflée par un bel hématome, et le fait de m’être arrêter, je commence à sentir une douleur. Nous reprenons doucement le chemin du retour, en nous arrêtant régulièrement pour me reposer mais aussi admirer le paysage de ce splendide parc et prendre qq photos (ma lèvre sèche en formant une cicatrice énorme, c’est toujours moche, mais c’est mieux).
De retour au Pont Pérignon, nous rendons les VTT et reprenons la voiture. Dernier tour sur les pistes rouges du côté de la Rivière Blanche dans des paysages assez semblables avec qq vestiges de l’ancien chemin de fer, autrefois utilisé, pour l’exploitation forestière. Nous quittons le Parc vers 15h30 et décidons de nous rendre à Yaté pour trouver le nécessaire pour me soigner. Une vingtaine de kilomètre sur une belle route goudronnée au milieu de nulle part, dans des paysages qui ont l’air tout droit sorti d’un film sur la préhistoire, et toujours en point de mire, le lac de Yaté..
Il est 16h00 passées lorsque nous arrivons à Yaté. Nous trouvons tout de suite la pharmacie où nous achetons compresses et désinfectants pour nettoyer mes blessures. La pharmacienne nous conseille qd même un passage au dispensaire de Yaté pour vérifier l’état de ma lèvre. C’est donc ce que nous faisons. Nous trouvons le dispensaire où une infirmière m’accueille et désinfecte les blessures en attendant le passage du docteur. C’est une drôle d’expérience que ce passage au dispensaire de Yaté. On est très loin du confort de nos cabinets médicaux métropolitains et pourtant c’est relativement bien équipé. Une impression bizarre d’être passée dans un hôpital de brousse comme on en voit dans les documentaires. L’infirmière et le médecin, tous 2 expatriés de métropole, sont sympa et plaisantent tout en m’examinant. Finalement, il n’y a rien à faire, sinon désinfecter et nettoyer régulièrement les plaies. Je m’en tire avec une pommade pour la lèvre et une consultation gratuite !!
Retour par la même route vers le parc de la rivière bleue et plus exactement les chutes de la Madeleine où nous avons prévu de camper pour la nuit. Arrivée au camping de Netcha juste avant le coucher de soleil, il va falloir se dépêcher de monter la tente avant la nuit (qui tombe très vite). Nous réglons notre nuit (coût de la nuit : 1300 XFP soit 11€ avec 2 entrées – 400 XFP/ personnes- pour le parc des chutes de la Madeleine) et choisissions notre emplacement. Nous avons l’embarras du choix, nous sommes les seuls campeurs. Sur chaque emplacement, un faré équipé de bancs et de tables (c’est le luxe), une aire en herbe pour la tente et une place de parking. Nous montons la tente, juste à temps avant la nuit. Je vais ensuite à la douche, histoire de me nettoyer de toute cette terre rouge. Comme prévu, pas d’eau chaude dans les sanitaires (c’est presque le cas de tous les campings), glaglagla, pas facile pour se nettoyer correctement, d’autant plus qu’il fait déjà très sombre, qu’il n’y a pas d’électricité et que mon seul éclairage est celui de ma lampe de poche posée sur une étagère. Tant bien que mal, je me nettoie (aïe aïe aïe) puis désinfecte les blessures. C’est déjà bien sec à l’exception de ma lèvre qui suinte encore légèrement. Diner à la lampe torche avec soupe chinoise, pâté et compote au menu (j’ai du mal à avaler du solide). La nuit est bien noire, il y a des milliers d’étoiles dans le ciel. Je décide de sortir le trépied, l’intervallomètre et de faire qq photos de filé d’étoiles. Résultat moyen ci-dessous (il y avait du vent et des nuages légers se sont déplacés dans le ciel). Ensuite dans la tente, et malgré mes douleurs et la fraîcheur de la nuit, je passe une assez bonne nuit.
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